Au lieu de remplir ses fonctions de maintien de l’ordre, la police de Khimki ne respecte aucune loi. Elle se livre à l’arrestation et au tabassage d’individus raisonnables et respectueux des lois qui veulent protéger la forêt de Khimki. Alors qu’au cours de toutes ces années, aucune instruction n’a jamais été ouverte à l’encontre des auteurs des nombreuses exactions dont sont victimes les défenseurs de la forêt, depuis les assassinats et les tentatives d’assassinat jusqu’aux agressions physiques et aux cambriolages. La municipalité de Xhimki est devenue un territoire où les citoyens qui luttent pour une cause craignent chaque jour pour leur vie et leur liberté et celles de leurs enfants et de leurs proches. Non seulement la police n’offre aucune protection aux activistes et à leur famille contre ces criminels, mais elle s’oppose à toute démarche communautaire légale.

 

Le 8 mai 2011, des défenseurs de la forêt de Khimki, des représentants d’associations d’habitants de la région de Moscou luttant pour la préservation de leur forêt et des principales organisations écologiques non gouvernementales russes se sont réunis pacifiquement à la sortie de la station de Khimki, point de départ d’une ballade dans la forêt qui avait été le théâtre, la veille, d’abattages illégaux d’arbres. L’article 31 de la Constitution de la Fédération de Russie garantit aux citoyens russes le droit de se réunir pacifiquement. Ces personnes rassemblées n’ont organisé aucune activité particulière réglementée par la loi fédérale spéciale N°54-FZ du 19 juin 2004. Autrement dit, elles n’ont commis aucune infraction à cette loi. Cela n’a pas empêché un détachement de la police anti-émeute (OMON) de les attaquer, avec une utilisation non justifiée de la force, et d’arrêter une vingtaine de personnes qui furent transportées dans les locaux du Département des affaires intérieures N°2 de la ville de Khimki. Deux heures plus tard, des détenus ont réussi à contacter leurs amis qui avaient échappé à l’arrestation et ils leur ont affirmé que la violation des droits se poursuivait au commissariat car ils n’étaient pas autorisés à voir un avocat.

 

Par ces méthodes, la police tente d’étouffer le mouvement des activistes qui s’opposent à la construction illégale d’un tronçon, au travers de la forêt de Khimki, de l’autoroute à péage qui devrait relier Moscou à St. Pétersbourg. La construction de l’autoroute au travers de la forêt est le résultat du nihilisme juridique des autorités russes car la législation en vigueur interdit formellement le tracé au travers de la forêt. La loi fédérale N°172-FZ du 21 décembre 2004 sur le transfert de catégorie d’affectation des sols autorise la sortie de parcelles de la catégorie « Forêts protégées » (catégorie à laquelle appartiennent les parcs forestiers comme la forêt de Khimki) dans le cadre de la construction d’éléments revêtant une importance pour l’État ou de la municipalité si, et uniquement si, il n’existe aucune alternative à l’emplacement de ces objets. Dans le cas qui nous occupe, il existe pas moins de 11 tracés différents, dont deux officiels. La décision de construire l’autoroute via la forêt de Khimki démontre que les lois censées défendre les droits des citoyens russes n’ont aucun effet quand les intérêts d’importants groupes industriels et financiers ou de personnes occupant certaines positions dans l’administration sont en jeu. Les principaux partenaires de la société qui va gérer la concession et qui est sur le point de construire l’autoroute au travers de la forêt de Khimki sont le grand groupe français Vinci et l’homme d’affaires russe Arkady Rotenberg.

 

La construction d’une autoroute à péage via la forêt de Khimki est d’ores et déjà un symbole de la corruption, de l’absence totale du droit, de la décomposition de l’État et du dénuement et de l’absence de droit de la société civile. Ce projet sape les fondements juridiques de l’existence de notre État, tue la confiance qui restait dans la partie active de la population envers les institutions publiques et brise la société.

Dans ce contexte, la coalition « Pour la forêt dans la région de Moscou » en appelle au Président de la Fédération de Russie afin qu’il exerce les devoirs que lui impose la Constitution de la Fédération de Russie et garantisse la protection des activistes dans le district municipal de Khimki soumis à l’arbitraire des autorités et de la police. Nous demandons :

  • La démission des responsables de la Direction principale du ministère des Affaires intérieures pour la région de Moscou en raison de son incapacité à garantir le respect et la protection des droits, des libertés et la sécurité de citoyens russes sous sa juridiction et l’examen des fonctions de M. Nurgaliev, ministre russe des Affaires intérieures.
  • L’ouverture d’une instruction sur les exactions commises dans le district municipal de Khimki contre les activistes luttant contre la corruption, la destruction illégale de la forêt ainsi que la condamnation des coupables.
  • L’interruption immédiate de tous les travaux liés à la construction de l’autoroute reliant Moscou à St. Pétersbourg et la réalisation d’une étude professionnelle et ouverte sur les raisons du choix du tracé au travers de la partie centrale de la forêt de Khimki alors qu’il existe des alternatives qui permettent de préserver la forêt.

 

Greenpeace Russie

Fonds mondial pour la nature (WWF Russie)

Mouvement en faveur de la sauvegarde de la forêt de Khimki

Centre de protection de la nature

Union russe de conservation des oiseaux

Union socio-écologique internationale